Ecolo prend acte de l’information suivant laquelle un accord de principe serait intervenu entre les quatre familles de l’orange bleue pour prolonger la durée de vie de la plupart des réacteurs nucléaires, tout en procédant à la fermeture de deux d’entre eux en 2015.
Pour Ecolo, le Gouvernement en gestation vient de conclure le meilleur accord qui soit pour Suez et ses actionnaires et le pire pour chacun des consommateurs d’énergie de ce pays, ainsi que pour tous les investisseurs désireux de se positionner sur le marché des énergies alternatives.
Concernant la fermeture de Doel 1 et Doel 2 en 2015, la vétusté de la technologie et de l’état du matériel de ces réacteurs est tel que même Suez envisage de les fermer plus tôt que 2015. L’entretien de ces deux vestiges du passé lui coûte en effet les yeux de la tête.
Par contre, l’orange bleue confirme qu’elle souhaite prolonger la durée de vie des 5 autres réacteurs présents sur le Royaume, en ayant recours à l’article 9 de la loi de sortie. Les conditions nécessaires au recours à cet article n’étant en aucun cas réunies, les écologistes s’y opposeront par toutes les voies légales.
Pour le reste, il n’a échappé à personne que, si elle vient à naître, la majorité orange-bleue est censée se maintenir au pouvoir de 2007 à 2011, période pendant laquelle la loi de sortie du nucléaire ne prévoyait de toute façon pas de fermeture de centrale. Dès lors, l’accord de principe intervenu ce jour ne poursuit qu’un seul objectif : offrir à Suez la garantie qu’il pourra continuer à exploiter ses centrales construites entre 1975 et 1985, toutes déjà intégralement amorties, et qui toutes constituent une source d’immense profit pour le groupe français et ses actionnaires.
Pour les consommateurs belges, en revanche, c’est une histoire désastreuse qui se poursuivra encore longtemps. En effet, par leur décision, les meilleurs amis de Suez acceptent de sacrifier l’occasion historique de voir enfin décoller des investissements d’envergure dans le secteur des énergies renouvelables, comme dans celui des économies d’énergie.
Ce faisant, et en pleine connaissance de cause, libéraux et humanistes condamnent la Belgique à rester, pour de longues années encore, dépendantes de l’atome français pour leur approvisionnement énergétique, préférant parier sur l’immense inconnue qu’est le nucléaire de quatrième génération, une technologie coûteuse et dangereuse qui arrivera bien trop tard pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique (en 2040 au plus tôt).
Enfin, Ecolo s’insurge contre l’escroquerie intellec tuel le consistant à faire croire que la fermeture d’une quelconque centrale génèrera des « bénéfices » pour l’Etat, qui lui permettrait de les investir ailleurs. En effet, les bénéfices éventuellement générés fileront tout droit dans les coffres du Groupe Suez, d’où il sera extrêmement difficile d’en faire sortir ne fut-ce qu’une infime portion.
Soit l’orange-bleue prévoit de frapper Suez d’une nouvelle taxe, mais elle sera aussitôt répercutée sur les consommateurs finaux que nous sommes, soit elle prévoit de conclure une convention avec Suez (Pax Electrica III) lui demandant de rétrocéder à la Belgique une (petite) partie de ses bénéfices. Dans un cas comme dans l’autre, Suez dispose d’un atout majeur qui le met à l’abri : l’accord signé par la Gouvernement libéral socialiste, immunisant le groupe français de tout nouveau prélèvement qui le ciblerait, et ce jusqu’à la fin de l’année 2009 !
Bref, si l’accord de principe intervenu devait se confirmer dans les jours à venir, il sera clair pour chacun que l’orange-bleue est un fruit irradié, qui coûtera très cher aux consommateurs actuels, et encore davantage aux générations futures.